Pourquoi cette mesure ?
L’objectif prioritaire de l’Union est d’atteindre une « AI literacy » minimale dans l’ensemble du marché unique :
mieux comprendre les risques de biais et de dérives,
assurer un usage responsable des modèles génératifs,
renforcer la souveraineté européenne sur les talents IA,
tripler le nombre d’experts qualifiés d’ici 2028.
Faute de quoi, Bruxelles craint une dépendance excessive vis-à-vis de fournisseurs extra-européens et une incapacité à contrôler les usages à haut risque (santé, finance, justice, etc.).
Entreprises concernées
Qui est dans le périmètre ?
Développeurs : start-ups, ESN, éditeurs SaaS qui entraînent ou affinent des modèles.
Intégrateurs : équipes R&D ou data qui déploient des solutions tierces (API OpenAI, AWS Bedrock, etc.).
Utilisateurs finaux : toute société ou administration qui fait interagir ses collaborateurs avec un système basé sur l’IA (chatbot, outil de génération de code, scoring de crédit…).
En pratique, même un simple usage de Copilot pour rédiger du code source oblige déjà l’entreprise à former le développeur à la vérification et à la revue humaine.
Ressources de formation clés
Generative AI Leader – Google Cloud
Parcours de 20 h publié le 14 mai 2025 ; couvre la conception d’applications génératives, la gouvernance, la sécurité et le monitoring continu.
Agentic AI Hackathon – Microsoft
Bootcamp intensif (10-11 juin 2025) orienté sur la création d’agents IA autonomes en environnement Azure ; métrologie, tests adverses et principes d’alignement y sont mis en avant.
OpenAI Academy
Programme en ligne, disponible depuis avril en Inde ; déploiement européen annoncé pour le quatrième trimestre 2025. Modules de niveau débutant à expert : prompt engineering, audit de modèles, RGPD et IA.
Financement disponible
1,3 milliard € du programme Digital Europe pour subventionner jusqu’à 70 % des frais pédagogiques.
Crédit d’impôt innovation étendu aux dépenses de formation IA dans plusieurs États membres (France, Allemagne, Espagne).
Programmes régionaux (Flanders AI, Baden-Württemberg Digital Campus…) offrant des chèques-formation ciblés PME.
Plan d’action en cinq étapes
Cartographier les usages IA déjà présents (y compris les POCs « cachés » dans les BU).
Définir des profils de risque : développeurs ML, métiers critiques, utilisateurs occasionnels.
Sélectionner la formation adaptée à chaque profil et négocier les financements disponibles.
Mettre en place un registre de formation horodaté ; conserver les attestations et évaluations post-formation.
Actualiser le plan tous les six mois en fonction des mises à jour réglementaires et des nouveaux outils internes.
Sanctions en cas de non-conformité
Ignorer l’obligation peut coûter cher : jusqu’à 35 millions € ou 7 % du chiffre d’affaires mondial. Mais au-delà du risque financier, c’est la perte de confiance des partenaires et des clients qui constitue la sanction la plus immédiate : un audit de conformité négatif suffit souvent pour écarter un fournisseur d’un appel d’offres public ou d’un grand compte.
Conclusion
L’AI Act change la donne : la formation IA n’est plus un avantage compétitif facultatif mais une exigence réglementaire. En anticipant dès maintenant l’évaluation des besoins, la sélection de parcours certifiants et la mobilisation des subventions, les entreprises transformeront cette contrainte en véritable levier de performance et de souveraineté numérique.
Nicolas Scarantino
Formateur spécialisé en Marketing et IA BtoB.
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